DANS LéNA CETTE SEMAINE: MICHEL PASTOUREAU, L’HISTORIEN DES COULEURS

Enfant, « j’avais des caprices chromatiques », avoue Michel Pastoureau, né à Paris il y a 76 ans. Un jour, on lui a acheté un blazer pour un mariage. Il le voulait le plus bleu marine possible. Sa mère porta son choix sur un plus clair. Il vécut mal cet épisode : « Durant ce mariage, j’avais l’impression que tous les regards étaient rivés sur moi, parce qu’il n’était pas assez bleu marine. » A une autre occasion, son père allait lui acheter un vélo d’adulte. Or, il était jaune, alors que tous les précédents avaient été verts. Jaune ? Hors de question ! Il devait être vert. Au final, « je suis resté sans vélo », se souvient-il.

Rares sont les historiens qui découvrent un territoire vierge – ou peu exploré – au point de créer une nouvelle discipline. Dans son cas, elle se rapporte à l’histoire des couleurs, à laquelle il a abouti à partir de l’héraldique. Dans cette discipline, le Moyen Age – et, invariablement, le XIIe siècle – marque un tournant, même si ses ouvrages étudient toute l’histoire de l’Occident.

« Qu’est-ce qu’une couleur ? », se demande le médiéviste. « Il est tout à fait impossible d’y répondre. Le mot est polysémique, à l’instar des termes qui s’appliquent aux couleurs. La couleur est également un concept, une notion abstraite. »

A l’avenir, disposerons-nous de nouvelles couleurs ? « De nouvelles nuances vont émerger », conclut-il, « en lien avec l’apparition d’autres matériaux, lumières, textiles et matières. Mais on pourrait fort difficilement faire émerger une nouvelle catégorie abstraite, les couleurs l’étant par nature. »

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